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De escheance d eritage

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1

⸿ Escheance par grace est quant un euesque ou un abe tient le fieu que son anceisor tint qui apartient a son benefice a quoi il est esleu par grace .

En l’Eschiquier de la Saint Michel mil III C IIII XX et dix fut ung jugement jugié par escroe entre le procureur du Roy, nostre sire d’une part et l’actionné messire Jehan Giffart, chevalier, et de dame Guillemecte Ruault, fille et heritiere de feu monsieur Guillaume Ruault d’autre. Sur ce que, aprez veue faicte et tenue pour faicte par entre eulx, ledit actionné dist vers icellui procureur.

Mes maistres, dont je suis actionné, firent requeste disant que lesditz lieux monstrez furent jà pieça audit messire Guillaume Ruault qui, pour delivrer son corps de prison les delivra, transporta à ung nommé Valloys, bastard, par VI XX livres tournoiz à uneffois et par II solz de rente par an
. Et pour ce que icellui bastard estoit mort sans hoirs possesseurs dudit heritage avoit requis que iceulx heritages leur feussent delivrez comme à eulx appartenant par deffaulte de hoir. Sur quoy ladite veue s’estoit termée. Sy disent ces choses congnus, il voulloit avoir iceulx heritages jugé, il voulloit prouver, etc. Et ledit procureur dist que puis que icellui chevalier avoit transporté iceulx heritages, sans en retenir l’omage, que ledit heritage devoit venir au Roy, nostre sire, par bastardie ne la retenue d’iceulx II solz de rente ne lui povoit valloir et obeissance, que sur iceulx heritages ilz eussent lesditz II solz de rente, si concluoit, etc. Sur quoy ilz se misdrent en jugement qui fu jugié en l’assise de Saint Lo, que lesditz heritages nommez La Heronniere devoient appartenir ausditz mariez et ainsy fut confermé en Eschiquier.


2

⸿ Et por ce doit l en sauoir que l ainzne fuiz est heir son pere. et touz doiuent estre ses hommes qui sunt puisnez en cele ligne meisme. Ja soit ce que plusors sunt encontre ceste costume qui anciennement selt estre gardee en Normendie que l eritage qui uient a lenfant au fuiz que il ne doit pas auoir l eritage son aiel. ia soit ce que il soit fuiz a l ainzne qui morut au uiuant son pere.

En l’Eschiquier de Pasques, tenu à Rouen mil III C IIII XX xv fut ung jugement jugié par escroe entre Amelot, femme Jehan Tasselle, actorisié de son mary, chargé de garantie pour Jehan Maincois d’une part et Guillaume Le Bouchier ayant le droit d’un nommé Bichet et sa femme d’autre part. C’est assavoir que ledit Bouchier ayant le droit desditz Bichet et sa femme, icelle femme, seur de par mere de Guillaume Tasselle qui avoit acquis certains heritages auroit iceulx conquestz au devant de Jehan Tasselle qui estoit cousin dudit conquerent et estoit icellui conquerent et ledit Tasselle enffans des deux freres.

Oudit Eschiquier fut jugié que Jehan Feray et sa femme, laquelle femme estoit seur de mere de maistre Guillaume Troussebourg n’auroit aucune partie desaux conquestz dudit Troussebourg avec la duguerpie Jehan Divetot qui estoit seur de pere et de mere dudit conquerent et que icelle seur de pere et de mere emportoit tous iceulx conquestz.


3

quer le fuiz a l ainzne doit touz iors auoir l ainsneesce . et sanz lui ne doit estre nul or achalengier l eritage ne a defendre .

Nota que conquest succede comme autre heritage en ligne directe, comme il appert par le jugié qui ensuit : En l’Eschiquier de Pasques, tenu à Rouen, mil III C IIII XX XVet six, jugié fut pour la deguerpie Jehan Du Hamel, fille de Laurens Thierry, icellui Laurens, filz de Jehan Thierry, que le conquest fait par ledit Jehan succederoit à ladite femme, ainçois que à Ysambart Delestre, filz de la fille dudit conquerent, non obstant que ladite fille vesquist au temps du trespassement de sondit feu pere.


4

⸿ Descheances qui uienent d auenture l une est par fieu et l autre par establissement. la tierce par condition. ⸿ Cele par fieu est quant le fieu repaire par faute doir ou quant celui qui tenoitest dampne. le fieu remaindra que il tient a celui de qui il est tenu.

parce que durant ledict an, le prince en a la jouissance sicomme au chapitre d’assise.


5

⸿ Lainsne fiz a l eritage son pere et sa mere. et se il moert ainz que lepere ne la mere ses fiz ou ses plus prouchains heirs du lignage auront l eritage. Et se il ne remaint nul qui soit descendu de l ainsne. l ainsne apres ou le plus prouchain qui soit descendu de lui aura l eritage. et autresi doit l en entendre des autres puisnez. Et se touz les enfanz sunt mors ainz que le pere son autre frere aura l eritage ou le plus prochein qui est de lui iessu. Et se il ni a nul des freres ne de lor enfanz l eritage reuient au pere de qui les freres partirent. Et se il moert il uendra a celui qui est son frere. et oncle a celui de qui il eschiet. Et se il nia nul des oncles ne de lor enfanz il uendra a l aiel. Et autresi doit l en entendre de cels qui sunt en cele ligne. mes ce ne doit estre entendu fors de cels de qui l eritage descendi.

Car un heritage ne vient de lingne en autre cy après.


6

⸿ L en doit sauoir que se l eritage a aucun descent de par son pere. et il a eu i frere ou i cousin qui soit de sa mere tant soulement. cel frere ou cel cousin n aura pas l eritage. quer il ne uint pas de ses anceisors. ainz remaindra au segnor du fieu. mes il est autrement des conquez si comme nos diron apres.

Conquestz :

Le frere de pere et de mere exclud le frere de mere seulement.

Le frere de pere et de mere et le frere de pere seulement concurent.

Advenant que de femme mariée deux foys sont sortis divers enfans, dont les uns sont freres de pere et de mere, les aultres de mere seulement. Est question des meubles et conquestz des freres de pere et de mere ou enfans sortis d’eux, encores que desdictz freres de pere et de mere n’en restent aucuns vivantz, toutesfoys, le pere est exclud par le frere de mere, seulement.


7

⸿ Leritage doit descendre a celui qui est plus prechain a celui qui le tient apres la mort. por quoi il soit du lignage de quoi l eritage descent.

La soeur de pere et de mere concurs et succede en egalle portion avec sa soeur de pere seulement aux meubles et conquestz de leur frere ou soeur de pere et de mere decedés sans hoyrs.

Les enfans malles, encores qu’ilz ne soient que de mere, excluent les filles de pere et de mere en la succession de leur frere.

La fille sortie sortie de frere exclud le filz de la soeur à la succession mobil et surconquestz de leur oncle ou leurs enfans.

La fille de soeur concurre avec le filz de la soeur en la succession mobil et conquestz de l’oncle, sans que pour ce qu’il soit malle privilege luy soit donné.

La fille de frere concurre avec le filz du frere à la succession du conquest et meuble de leur oncle au cousins sortis de luy.


8

⸿ Se il ne remaint nul des freres l eritage uendra as cousins. et si ne poet uenir a l aiel tant comme il iait nul de cels qui sunt descendus de lui. Mes se il ne nia nul l eritage reuen dra a lui et a celui qui descendi de lui. Et les conquez que les enfans ont fet uiennent touz iors as plus prouchains du lignage.

Il semble que n y le propre n y les conquectz ne vaut à l’ael quand il y a des hoers descendus de luy et à ce est conforme, le texte en latin où ces motz sont mis qui defaillent icyquod non regreditur ad predecessores eum ex eorum feodis non descenderit .


9
Il est assavoir que se aucuns enffantz sont procreez d'un mesme pere et de diverses meres, se l'un d'eux se trespasse, sa succession retournera au frere, ainsi que en sera aux autres porcion comme il devra.

La succession de meuble et conquest en ligne directe ou representation a lieu se divise per stirpes et en ligne colateraleper capita .

Les personnes sortis de mesme generation ou souche excluent en quelques degrés qu’ilz soient en la succession du meuble et conquest d’entre eux seulx qui leur sont parens et sortis de degrés presedent leur generation ou souche comunne comme il apert par la figure presente.

Adrian

b

pretendant à la succession

de cujus successione agitur

autre pretendant

Où les sortis de B. en quelque degrés qu’ilz soint, tant que degrés de souche s’extendent, excluent les autres sortis de a. qui ne sont sortis dudict B, ce qui est expresement desidé par le texte de la coustume au chapitre de brief de prochaine d’ancesseur.

Et s'aucun est procree du reste de pere et autres plusieurs d'icelui pere et d'autre mere, et aucun d'icelui frere ou seurs decede, a l'ainsné retournera son conquest.

Le droit de succession s’extent jusques au 7 degré, iceluy exclud ausy que expresement decide nostre coustume soubz le titre de aide chenelz in fine où il dit que le 7 degré est hors de la ligné, de maniere qu’il est dans le 7 degré.


10
Les enffantz qui sont de par les ***** ne les femmes mesmes n'auront pas heritage tant comme il y ait aucun qui soit descendu des *****.

Nota : Les personnes ayant receully la succession du meuble et conquestz sont soubject à paier toutes et chacunes les debtes mobiles ensemble les rentes hypoteques par ledict defunct, ainsy qu’ilz ont succedé, tant que la valeur des meubles et conquestz se poura monter à resoudre après plus ample advis indesis.

Le corps de la rente est une charge de la succession et partant le racquict s’en doibt fere desur la masse de ladicte succession.


11
L'eritage des enfans revient au pere quant il n'y a nul qui soit descendu de, lui ainsy doit l'en *** de la mere de l'ael du besael et du tiers ael de l'aelle de la besaelle et de la tiers aelle. En povoir que on doit tousiours recourre a la chouc**** qui est de l'ainsne masle les enffanz qui yssent de lui ont la dignete d'avoir l'eritage. Et ce sera monstre plainement cy aprez.

En l’Eschicquier de la Saint Michel, tenu à Rouen, mil II C LIIXLII fut jugié que les freres monsieur Gazain de Rainville, chevalier, auroient les fruitz de leurs porcions d’eritages de leurs ancestres, depuis le jour que ledit chevalier les congnut à lignage devant le roy, auquel lieu il fut fait commandement audit chevalier qui leur fist porcion des heritages dessusditz.

Oudit Eschiquier fut jugié que Lucas Roullant ne feroit pas porcion à ses freres puisnez de l’eschaeste qui lui estoit venue de son ainsné, frere avant que les freres puisnez feussent nez.

Nota

Jugié d’Eschiquier de l’an mil IIII C et quinze. Se Guillaume acquiert heritage et a une seur de pere et de mere et ung frere de par mere, tant seullement. Se Guillaume va de vie à decez, la seur aura les conquestz par lui faiz au devant du frere pour ce qu’elle est la plus prouchaine, car elle est des deux lignés et leur frere n’est que de une.

Aucuns dient le contraire et que la mascdignité masculine prefferée la femenine et suffist que les freres soient du pere, maiz se ce n’estoit que de mere, comme en jugié cy devant autre chose seroit.