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⸿ De brief de fief et de ferme. Chapitre. cxij.
L E brief de fief ou de fei sme est faict en ceste forme.1 Se N. te donne plege de suysa clameur / semond le recongnoissant du voisine que il soit aux premieres assises du bailiage a recongnoistre : scauoir se la terre que P. luy deforce / est le fief a celuy qui le tient / or ferme mouuable baillec par la main S. puis le couronnement du roy Richard / et a quel terme / et scauoir se N. est le plus prochain hoirs celuy qui luy bailla a ferme / et soit la aveue tenue pedens ce.
⸿ En ce bref doibt l’en faire en tou tes manieres ainsi comme en celuy de fief ou de gaige. Et si doibt l en scauoir que se celuy qui tient dict que cest son fief :23 et il nye la ferme / s il est prouue par le serment aux iureurs que ce soit ferme : iasoit ce qu ’ il ait encoires a tenir quatre ans ou plus sa ferme : la terre ne luy remaindra pas / pour ce qu il disoit par barat que cestoit son fief :4 mais le roy aura le pris des an nees qui sont a venir / pour tant que la ferme que on en doibt soit rendue qui remaindra a celuy / qui la bailla. Et se les iureurs dient que le terme de la ferme soit passe vng an ou plus / celuy qui tient sera tenu a rendre le pris5 des annees qu il a tenues oule tre le terme Plusieurs saiges hommes dient et se acordent6 qui aultres telles enquestes doibuent estre faictes des terres que aulcuns baillent en garde / si que l’en doibt enquerir se la terre de quoy le contendz est / est le fief au tenant / ou terre baille en garde par la main a celuy qui la demande ou son ancesseur. Et aus si croyons nos que semblables enquestes doibuent estre faictes des terres prestees : car il n y a aulcune raison par quoy enqueste doye mieulx estre faicte de ferme ou fief que de terre baillee en garde ou prestee. Et toutes les raisons qui sont que l’en enqere de fief ou de ferme / sont aussi que l’en enqere de garde ou de prest. et iasoit ce que tel les enquestes ne souloient pas courir par brief / non pour tant elles retiennent la forme de celles qui sont faictes par brief.
D E fief et de ferme est bref faict en ceste forme. Se R. te donne plege de suyr sa clameur etc. Par ce texte appert la forme et maniere du brief de fief et de ferme : lequel est semblable au brief de fief et de gaige / dont cy dessus est faicte mention : recours a ce qui dessus est declaire
⸿ Apres ensuit eu texte.
⸿ Et si doibt l’en scauoir que se cil qui tient / dict que cest son fief / et il nye la ferme. etc. Sur ce texte est a noter. que s aulcun baille sa terre a ferme iusques a certain temps et le bailleur la demande par brief de fief et de ferme ains que le temps d icelle ferme soit passe et acomply / et il est ainsi que le fermier mette en defense que cest son fief : s il est trouue le contraire que ce soit ferme et non pas son fief / et il en est conuaincu : il l amendera griefuement / et perdra tout le droict et profit qu ’ il pouoit auoir en la ferme : iasoit ce que le temps de la ferme ne soit pas encores finy ne acomply / pource que malicieusement il auoit dict que cestoit son fief. Par dessus ce doibt on scauoir que les annees de la ferme qui encore sont a escheoir demeurent au profit du prince : sauf et reserue toutesfois que cil qui bailla la ferme en aura le pris que celuy en debuoir payer qui la tenoit au deuant / se il neust point nye la ferme. Et ainsi n y a le prince point de profit : fors ce que la terre pourroit valoir oultre le pris quelle est baillee a ferme / le temps d icelle ferme durant. Et encore s il est trouue que le temps de la ferme soit passe vng an ou deux ou plus / le fermier sera tenu a rendre au bailleur le pris des annees que il a tenu oultre plus que sa ferme ne debuoit durer. Mais se ledict fermier confessoit qu il teinst ledict heritage a ferme / disant qu il eust encore vne annee ou deux a escheoir : s il estoit ainsi trouue / le demandeur l amenderoit / et tiendroit l’autre la ferme.
⸿ Sur ce que dict est on peut faire deux doubtes. Le premier se le fermier dict que cest son heritage / et qu il soit trouue apres que cest ferme / et que le temps d icelle ferme fust passe et a tenu deux ou trois ans depuis : s il sera tenu rendre le pris d icelles annees qui sont oultre le temps de la ferme au porteur dudict brief au pris et estimation que l’heritaige pouoit valloir pour icelle annee / ou se il sera quicte de payer au pris des annees du temps de la ferme qu il a tenue.
⸿ Pour la declaration de ce doubte l’en peut respondre qu il doibt estre quicte po ͬ payer au pris des annees qu ’ il a tenu a ferme. Car il a tenu a tiltre de ferme et par ce moyen y est entre. Et ainsi tout le temps qu il a tenu doibt retenir en soy et sur icelle condition et maniere de tenir / attendu qu il n y a point eu depuis d aultre contract. Et mesme que le texte ne declaire pas qu il doye payer a l estimation que la terre a vallu. Car se vng hom me a loue vne maison a vng terme ou a vng an selon ce qu il est acoustume a louer maisons / eu regard a la diuersite des lieux / et il la tient plus que le temps qu il l auoit louee : il est quicte pour payer au pris du temps de son louage.
⸿ Et se on arguoit l opposite : c est assauoirque eu cas dessusdict le tenant doibt payer au pris et estimation qu il eust peu valloir / car le temps de sa ferme estoit failli / et ne luy donq noit aulcun droict eu surplus du temps qu il la tenue sans tiltre / et par consequent doibt payer a l estimation que la terre a vallu ou pouoit valloir. Car de raison et par la coustume vsee en Normendie s aulcun detient l’heritaige d autruy sans tiltre / il est tenu de rendre l’heritaige et les leuees du temps qu il la ainsi tenu / se cil a qui l’heritaige est l’en veult quereller.
⸿ a cest argument l’en pourroit respondre que icelle raison declairee eudict argument ne vauldroit point pour obliger a payer plusauant que les deniers du premier louage / car iasoit ce qu il neust point de tiltre vray et absolut / si auoit il couleur de tiltre par le moyen de ce qu il tenoit eu parauant a tiltre de ferme / du quel droict de ferme il est priue / pour ce que il nya la ferme : laquelle neance luy retorque en son preiudice / suppose qu il eust encoire vne annee de la ferme a tenir ou plus. Et par ce appert la responce de l argument.
In textu ibi.
Et doibt l’en scauoir. et c.
ℂ ſt igitur notandū conductoɿ ebet pɿis poſſeſſionē reſtituere q̄ e pɿo pɿietate litigare tex.ſing.in.l.ſi quis cōductionis.⁊ ibi Bar.C.de loca.⁊ duct.Et qnconductoɿ poſſit opponere exceptionem omini/ locatoɿi/vide p̲Bar.in.l.ei a quo.ff.e vſuca.⁊ in.l.ſi alienā.ff.ſolut.mat. et in.l.commodare.ff.cōmod. Nota etiā ſi ductoɿ habet ius in re.i.ſi e contractu locationis fiat inſtrumentu/ et in inſtrumento eſtappoſita ypoteca oīm bonoɿu non poſſet a fundo expelli etiam aſingulari ſucceſſoɿe ſiue emptoɿe:vt tenet Bart.in.l.j.§.c aut.ff.de ſuperfi.et vide ibidē Barba.in addi.Guil.le rouille alencon.
In textu ibi.
Pour ce qu il disoit par barat. et c.
Vide in autē.cōtra qui pɿopɿiam.⁊ ibi glo.maget oct.C.de non nume.pecu.Guil.le rouille.
In textu ibi.
Sera tenu a rendre le prix. etc.
Facit colonus qui finito tpe permanſit in cōductione recōduxiſſe cenſetur ꝓ tempoɿe quo remanſit.I.itē queritur.§.qui impleto.⁊.l.qui ad certi.ff.loca.Pbɿlip.coɿ.cōſil.lxxiij.incip.viſa facti.xj.col.in.j.volu. Suil.le rouil.
⸿ Apres ensuit en texte
⸿ Plusieurs saiges hommes dient et s acordent que aultres etc. Par ce texte peut apparoir que s aulcun auoit baille sa terre en garde ou en prest / et cil a qui il auroit baillee la vouloit contretenir : il pourroit prendre vne clameur equipolente a brief de fief et de ferme qui auroit semblable vertu / et seroit demenee par telle maniere comme vng brief de fief et de ferme : iasoit ce que telles enquestes ne souloient pas courir par brief : cest a entendre qu ’ il n y a pas brief propre ne determine par coustume pour telles querelles / ainsi qu ’ il est de brief de fief et de gaige / et de fief et de ferme. Neammmois peut on prendre clameur edpolente audict brief narratiue du cas : et retient la condition d icelle / ainsi qu ’ il est declaire eu texte.
⸿ Sur ce chapitre on peut faire vng tel doubte : scauoir se l en se roit tenu a soy mettre en faict p enqueste de tel les manieres de bailler a ferme / en gaige / ou a louage etc.
⸿ On peut arguer que non. Car ce sont choses qui se doib uent monstrer par lettres / et mesmement que par la coustume et usaige du pays de normendie / on n est tenu attendre faict denquesie de contract heredital / se la let tre n a este leue a ouye de parroisse ou notoirement venue a congnoissance.
⸿ a ce doubte on peut respondre que l’en est tenu d en attendre faict d enqueste en ce cas / nonobstant que lettre n en eust oncques este passee ne leue a ouye de parroisse : et n est pas semblable comme d aultre cas / car cil qui baille sa terre en gaige, a ferme. ou a louage nen prend pas lettre : mais la prend cil a qui on la baille : et pour ce le bailleur ne la pourroit monstrer ne faire lire a ouye de parroisse. Et par ce peut apparoir la response au doubte.