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E Iurisconsulte a tresbien escrit, Parum est ius esse in ciuitate, nisi siit qui iura reddere posoint. Deux choses donc sont requises et necessaires en l’administration et gouuernement de la republique. c’est asçauoir le legislateur : et le iusticier qui soit moderateur et conducteur de la loy. Le legislateur par bonnes loix dresse et ordonne l’estat politique : et le iusticier doit sçauoir bien appliquer les loix aux cas occurrens, et en user sagement selon le lieu, le temps, et les personnes, et est le iusticier autant necessaire vtile et profitable à la republique que le legislateur. Ainsi qu’il ne suffit pas qu’un chartier ait de bons cheuaux, et qu’il cognoisse les chemins du charroy, s’il ne sçait bien mener et conduire son chariot. Car il est im possible que l’homme prudent et sage en faisant les loix, puisse preuoir toutes les circonstances et cas particuliers qui peuuent aduenir : et n’a regard qu’aux choses vniuerselles, iugeant qu’il se doit faire ainsi comme il ordonne. Mais les officiers qui ont la charge et administration de la republique, sont contrains de descendre aux cas particuliers, et aduiser et prendre garde s’il se peut bonnement faire ainsi que la loy ordonne. Et sur ce s’offrent infinies circostances, qui sont laissees à l’arbitre et discretion des Magistrats : ausquels appartient de moderer z et addoucir la rigueur du droict escrit par l’equité, que les Grecs appellent Criesxteia, qu’on dit vulgairement en mot corrompu Epicaye : qui est la touche, la regle, et la loy de toutes les loix-sans laquelle on feroit bien souuent du droict le tort. Car comme dit le poente Comique, ius summii, summa sepe malitia est. Et en ce gist la prudence et sagesse. Car le fol fait plus de mal, faisant garder estroitement et executer la rigueur des loix, que ne fait le sage les passant aucunefois par dissimulation. Ainsi font les bons medecins en leur estat, quand ils ne iugent, et ne guerissent pas les maladies, tant seulement par les regles de medecine qu’ils trouuent escrites en leurs liures : mais bien souuent sont contrains de les changer selon la qualité et complexion des corps des patiens, les influxions des astres et temperament des regions. Pareillement vn prudent Magistrat, Iuge et officier doit mettre difference entre la bonté et perfection de la loy, et l’obeissance des subiets : et considerer que la vie humaine n’est pas celeste et angelique : et que comme estant pecheresse, elle ne peut de soy que pecher et estre folle, Et pour conclusion faut dire apresCiceron , l’t magistratibus leges, ta populo presunt magistratus : veréque dici potest magistratum legem esse loquetem, legem autem, mûtum magistratum.