La Coustume.

Pres conuient voir de cheuels aides de Normandie, qui sont appelees cheuels, pource qu’elles doyuent estre payees aux chefs sseigneurs. En Normandie a trois cheuels aides. L’vne est à faire l’aisné fils de son seigneur, cheualier. La secode à son aisnce fille marier. La tierce à racheter le corps de son seigneur de prison, quand il est orins pour la guerre au Duc. Par ce appert-il que l’aide de cheualerie est est deuë quand l’aisné fils de son seigneur est fait cheualier. L’aisné fils est cil qui a la dignité de l’aisnesse. Et ce mesme doit l’en entendre de l’aide de mariage. L’aide de rançon est deuë pour deliurer le corps de son seigneur de la prison des ennemis au Duc. Ces aides sont payees en aucuns fiefs à de my relief, et en aucuns fiefs à tiers de relief. Il y a aucuns fiefs en quoy les vauassories feulent payer dix sols d’aide, Et pource que la diuersité des aides est selon la diuersité des fiefs, ou des seigneurs, l’en se doit tenir aux cou stumes qui ont esté gardees anciennement. L’en doit sçauoir que les soustenans qui ont seigneur moyen entr’euz et le chef seigneur, ne doyuent pas payer au chef seigneur aide. Mais ils doyuent aider à celuy de qui ils tiennent nu à nu, à payer l’aide au chef seigneur. Et est celle aide appelee sousaide : et doit estre faite par demy aide cheuel.

Ces trois aides sont appelees par la coustume de Touraine, loyaux aides, que nous appelons aides coustumiers, et en aucuns pays de ce Royaume sont appelees Taille. Et sont aussi bien deuës au Roy à cause de fiefs tenus de luy nuement et sans moyen, comme aux, autres seigneurs. Et de faict au temps du Roy François premier, i’ay veu leuer les aides de cheualerie et de mariage en vertu des lettres dudit sieur, données à Ennet le z3. iour de Septembre 1540. lesquelles furent taxees à la raison d’un demy relief. Ce que toutesfois il n’est memoire d’auoir iamais esté fait par autre Roy prece dent. Et si auoit esté au precedent leué l’aide de rançon, pour racheter son corps de prison. Et depuis ont esté aussi leuez lesdits aidas de cheualerie et de mariage par le Roy Henry second. Et soit noté qu’il fut iugé en l’Eschiquier tenu à Rouen au terme S. Michel 1566. que cil qui est prins en la guerre au Prince en prenant gages et soude, n’aura pas aide de rançon de ses hommes, s’il n’est prins en faisant le seruice qu’il doit faire, à cause de son fief, et non autrement. Fut aussi iugé en l’Eschiquier de la S. laques et S. Philippe tenu’à Rouen en l’an 1245. que Iourdain de Boquier-ville cheuadier n’auroit pas aide pour sa seconde fille marier, sur ses hommes tenans de luy à cause d’un fief qui luy estoit venu par eschaitte de ses ancesseurs, depuis qu’il auoit marié sa fille aisnce.