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ONSEIGNEVR, m'ayant les hoirs de feu Mai-ſtre Guillaume Terrien, Lieutenant du Bailly deDieppe, enuoyé ces Commentaires du droict Ci-uil des Normans, par luy peu auant ſon decez, re-digez en la forme qu'on les peut veoir, pour lesimprimer, ie les ay communiquez à pluſieurs per-ſonnes à ce cognoians. Et ayant trouué, que à l'i-mitation des anciens compilateurs des loix, ledictTerrien auec grand iugement & profit ineſtima-ble de tous ceux de ſa robe, a rapporté de diuerſes parties ou eſpeces dudroict dont la Normandie eſt regie, tout ce que à chaſque matiere peutappartenir : le rengeant par tiltres connexez, & mettant au clair toutesparts, ce que, ou en termes, ou en matieres ſe peut trouuer d'obſcur en ice-luy Droict : i'ay eſtimé la dilation de mettre ceſt oeuure en lumiere, eſtrevne pure fruſtration du grand profit que ceux de la robe en receuront entoutes les Prouinces de ce Royaume, ne diray ſeulement en celle deNormandie. De toute ancienneté tant ceux qui ſeent és ſeances de iudi-cature, que ceux qui portent & debatent les querelles par deuant eux, ſevoyans entourez de Couſtumes, Chartres priuilegiales, Styles, Edits, Re-ſtrictions, Modifications d'iceux, & d'Arreſts donnans loy à l'auenir de-ſormais infinis, & toutes ces choſes eſtre eſparſes non ſeulement en diuersvolumes, ains aui en diuers quayers pour la plus part gardez en concla-ues, ont eſté & ſont contraints de, chaſcun en ſon particulier & en tel or-dre dont il ſe peut aduiſer, rapporter ces pieces eſcartees en certains lieuxcommuns, pour auoir le tout d'vne matiere en vne veuë, quand meſtieren ont. Mais nul encores, autre que ledict Terrien, ne s'eſt employé à cefaire pour en ſeruir au publicq, & releuer le commun de ceſte peine. De-quoy neantmoins peu ou point ſe faut eſmerueiller, pour eſtre vne par-faicte reduction de telles pieces ſi eſgarees & la plus part abſtruſes, de la-beur extreme à tout recueillir, requerant grande cognoiance du droict,iugement ſublime, & vne méthode & diſpoſition artificieuſe, qui ſont leschoſes que aiſ'ement ne ſe rencontrent toutes en vng meſmes ſubiect. Etores qu'un les poſſedaſt toutes, ſi n'a il eſté encores aucun, qui ait eu &exequuté ceſte bonne volonté enuers le public, que de preferer l'vtilitéde tous à ſon gaing particulier & domeſtique, ainſi qu'a faict ledict Ter-rien. Lequel, comme treſdocte Iuriſconſulte, ayant appris, que la nume-roſité des parties ou eſpèces du Droict dont les Romains ont vſé, ſeconſiſtant en Loix, Senatuſconſultes, Plebiſcites, Edicts des Preteurs, voi-re auſſi des Ediles, Conſeils & eſcripts des Saiges, & és ordonnances desEmpereurs, auoit rengé Iuſtinian, comme à viue force, à en faire la com-pilation que pouuons veoir, & apres luy Leon encores, qui dernier au-roit en vng corps redigé par continuelle entreſuite de tiltres & liures, ceque ledict Iuſtinian auoit mis en quatre de nulle cōcatenation entre eux,voyant cela, dy-ie, par ledit Terrien, & que le Droict ciuil dont en Nor-mandie les affaires & publiques & priuces ſont determinees, ſe pourſuittant en la Couſtume dudit pays, que és Chartres priuilegiales d'iceluy.que auſſi au Style de proceder y gardé & entretenu, & és Arreſts de laCour, iadis Eſchiquier anniuerſaire, & ores Cour de Parlement ordi-naire, & oultre és Ordonnances en icelles publiees iuſques à ſon temps,il s’eſt propoſé la contexture de l'ancien Edict perpetuel, tant ramenteupar les Iuriſcōſultes & Empereurs : &, entant que le cas permettre l'a peu,ſuyuant ce train, a rapporté par tiltres & liures conſequutifs, tout ce quede chaſque matière ſe trouuoit ſemé & eſpars eſdictes Couſtumes, Char-tres, Style de proceder, Arreſts deſdicts Eſchiquier & Cour de Parlemēt,ordonnances Royaulx y publiees, Reſtrictions & Modifications d'icelle:entremeſlant par forme de gloſes & ſcholies, infinies explications & illu-ſtrations de ce qui requeroit l'ayde d'vn Iuriſconſulte, & auec tel iuge-ment que ſon œuure en eſt non ſeulement abſolu & parfait, ains auſſi ſe-ra par long temps ſans ſecond en telles matieres. Et qu'il l'ait ainſi entre-pris & mis à fin du temps de voſtre Preſidentat, Indubitablement, Mon-ſeigneur, il n'eſt aucun qui ne vous en donne la gloire. Car cōme le grandRoy François eſtant d'admirable & excellent eſprit, & aiant en luy les ſe-mences de toutes les ſciéces & arts quels conques, fut motif & guide à ſesſubiects prenans pour vacation ce que tant aggreoit à leur Prince, de de-uenir durant ſon regne & tres-ſçauans en toutes ſciences, & Artiſans ſur-paſſans l’opinion des hōmes. Dont la gloire & grand merey en eſt ſans di-ſpute deu à ſa Maieſté : tout ainſi, vous, Monſeigneur, qui preſidez en chef-en ſi grande & notable prouince, eſtant accomply en toutes les ſciences& qualitez que à Magiſtrat de ſi haut degré appartiennent, eſtes le motif& la guide à tous ceux de la robe en voſtre reſſort, de prendre pour em-ploy ce enquoy vous excellez ſur tous aultres, & que tant vous aggree.Entre leſquels noſtre autheur s'eſt mis ſur les rangs, ceſt œuure au poing,qui bien donne à cognoiſtre combien la vertu ſegnalce d'un Chef, entoutes profeſſions opere & vault à euertuer & mettre en haults & hon-norables efforts, tous ceux qui ſont ſouz ſa charge. Or pour plus grandbien & ornement de ceſte Prouince, Dicu a voulu en meſme temps vousaccompagner de Meſſeigneurs de Hattes, de leumel, & d'Amours, ſe-cond, tiers & quart Preſidens : & aſſortir de Meſſieurs de la Porte, Bigot,& Vauquelin, Procureur, & Aduocats de ſa Maieſté, tous perſonnages.d'eſlite en tous ſçauoirs, à ce que ceux de la profeſſion qui ſont eſpars çà& là audict pays, quelque part qu'ils arreſtent leur veué en voſtre com-pagnie, trouuent où grandement à imiter, ce, dont vous ſeul pouuezeſtre l'exemplaire à tout ce Royaume, qui partant en rapportez la gloire,comme eſtant la ſource deſi grand bien. Qui eſt la cauſe, Monſeigneur,que ce Poſthume dudict Terrien, ſe reclame du tout à vous, & que con-forméement à la volonté dudict defunct ſon pere, ie le vous dedie, poureſtre, viure & errer pays ſouz voſtre tuition, faueur & ſauuegarde. Et me-ſtier en pourroit il bien auoir en maint lieu, pour eſtre la detraction &l'enuje en auſſi grand regne, que la vertu & volonté de peiner pour icelle,ſeſt, par grand malheur, eſtrangée de la pluspart des hommes. Toutesfoisil a bec & ſerres pour faire teſte à qui l'aſſaudra corps à corps, pourueuqu'on le prenne en homme de bien & non par derriere, & à armes ca-chees, ce que les enuieux & detracteurs ont accouſtumé faire. Monſei-gneur, le voyant receu & habitué au pays ou il fut nay, & là & ailleursgarde & maintenu par voſtre authorité en la ſauueté & franchiſe inuio-dable qu'il merite. le prendray cœur moy-meſmes eſperant en vous, demettre hors par le moyen de ma preſſe, autres autheurs de pareille eſtof-fe, pour vous faire les deuoirs de la ſeruitude que voüee vous ay pourtoute ma vie, priant Dieu, Mo Ns EICNE VR, vous conſeruer en treſ-parfaicte ſante, treſſongue & treſ-heureuſe vie. De Paris ce vingt-quatre-leſme iour de Iuillet, 157 4.Voſtre tres-humble & tres-obeiſſantſeruiteur Iacques du Puys.